Description
Les autoportraits ne sont pas d’innocents reflets de l’image que le miroir renvoie aux artistes. Ils disent souvent bien plus que la simple ressemblance et sont riches de significations. Or, si nous connaissons bien les raisons qui ont pur pousser les hommes à faire leur autoportrait – montrer ses compétences, se mesurer aux maitres du passé, échapper aux contraintes d’un genre imposé, manifester sa conviction artistique… -, on ne saurait réduire aux mêmes motifs les raisons des femmes artistes longtemps exclues de l’histoire de l’art.
Pourquoi les femmes ne revendiquent-elles que rarement leurs compétences? Pourquoi ont-elles, à une certaine époque, davantage mis en avant leur côté maternel pour, à telle autre, se représenter avant tout en musicienne? Autant de question auxquelles Frances Borzello tente de répondre en examinant les différents modes de présentation de soi adoptés par les artistes femmes et en traitant les autoportraits comme des véritables versions picturales de l’autobiographie, sortes de narrations destinées à un public.
« Pourquoi vous êtes-vous représentée de la sorte? » Telle est la question que pose Frances Borzello aux artistes dont les images singulières rythment l’ouvrage et traversent toute l’histoire de l’art : de la religieuse anonyme qui glissa son effigie dans la lettrine d’un manuscrit du XVIIe siècle, à Sofonisba Anguissola et ses portraits anxieux, d’Artemisia Gentileschi qui se représentait en allégorie de la Peinture, à la romanesque et surprenante Elisabeth Vigée Lebrun, de Frida Kahlo, peintre de la douleur, à Hannah Wilke, photographe au cynisme corrosif, ou à Cindy Sherman et ses photogrammes révélateurs des visions stéréotypées de la femme.